mardi 28 août 2012

Des bienfaits de la cigarette

Oui, oui, vous avez bien lu : malgré tous les torts qu'on lui reproche, il y a quand même quelque chose que la clope permet de faire plus aisément et qui sera plus difficile lorsqu'elle sera devenue illégale : approcher quelqu'un, voire nouer des liens.

Récemment, j'étais sur la terrasse d'un bar bien connu de Montréal, à discuter avec mon amie M. sur le fait qu'on se sentait un peu comme des cougars auprès de cette petite jeunesse qui s'égayait dans le Quartier latin avant de commencer la nouvelle session ou de finir celle du printemps dernier, et d'un coup, comme ça, avec mon verre, j'ai eu envie d'une clope.

Tant qu'à devoir en quêter une disgracieusement (on dirait que ce n'est plus vraiment à la mode les je-t'achète-une-clope-pour-25-cents, on te regarde tout de suite comme si tu venais d'une autre planète), je me suis dit que j'allais en quêter une auprès d'un beau monsieur. T'sais, aussi bien faire une pierre deux coups.

J'avais spoté le type avec un chapeau. J'aimais son style. Et il fumait.

Je lui demande une cigarette. Échange de banalités.

Tu as un accent, tu viens d'où ?
De Turquie.
Oh ! Tu es en voyage ?
Non, j'habite ici.
Depuis longtemps ?
Quelques années.

En fait, ce n'est même pas au beau monsieur que j'ai parlé, mais à son ami sexagénaire; lui, il n'avait plus de cigarettes. Demande à mon ami, qu'il a dit.

Sur un "merci, bonne soirée", je suis partie fumer ma cigarette, rendue meilleure par la déception.

Plus tard, v'là-tu pas que le beau monsieur turc apparaît devant nous et nous demande s'il peut s'asseoir. Mais bien sûr. Avec grand plaisir. Ramène ton ami sexagénaire.

Tout le monde parle, on ne comprend pas grand-chose, mais on a ben du fun.

Tout le monde parle, et moi je le regarde. Il est si beau, avec ses grands yeux perçants, ses grands yeux noirs et profonds dans lesquels transparaît une émouvante sensibilité.

Trois heures arrivent, déjà. Je lui donne mon courriel, il me donne son numéro.

Le lendemain, j'avais déjà un message de lui. On s'est écrit toute la semaine. Et on s'est revus.

J'ai bavé toute la soirée en admirant sa beauté. On a bien discuté. Je l'ai mieux compris, cette fois-ci. On a eu beaucoup de plaisir. Lorsqu'on s'est dit au revoir, on s'est donné la bise. Et puis il partait, me tournant le dos, quand il a soudainement fait volte-face pour m'embrasser une fois de plus sur la joue. Et il est parti pour de bon. Grrrr.

On a gardé contact. On va se revoir. Il deviendra peut-être un bon ami, peut-être un bon amant; dans tous les cas, j'aime sa présence.

Et tout ça à cause d'une clope méchante et mortelle.

Quel prétexte inventera-t-on pour approcher subtilement les beaux messieurs inconnus lorsque tout le monde aura arrêté de fumer ? Salut, aurais-tu une gomme ? Un pastille ? Une papermane ? Ou carrément : salut, je te regardais de loin, et je te trouvais pas mal beau, mais je voulais juste te le dire comme ça en passant, pour te signaler que je suis sexuellement disponible et que si ça te tente, on pourrait se draguer un petit peu.

Libre cours à votre imagination débordante.

lundi 20 août 2012

Portrait de S.

Ce n'est pas fréquent, mais ça arrive.

Et quand ça arrive, ça marque pour la vie.

On reste à jamais transformé par ces personnes. Par ces rencontres amicales exceptionnelles.

Mon amie S. en fait partie. Oui, cette chère S. des péripéties à Burlington et de la gourmandise démesurée.

Et comme ces temps-ci je la fréquente beaucoup, j'ai eu l'occasion de l'observer et de constater à quel point elle est remarquablement belle.

Pas une beauté canonique, sur talons hauts, cheveux teints et toujours bien coiffés, maquillée, habillée à la dernière mode.

S. n'est pas friande des artifices. Elle s'en fout pas mal beaucoup.

Non, sa beauté vient de l'intérieur; ça fait cliché comme affirmation, mais il n'y a rien de plus vrai. Je veux dire, physiquement, elle est une jolie femme, mais ce n'est pas son aspect extérieur qui la démarque.

Ce qui la démarque, c'est qu'elle est resplendissante. Il y a comme une lumière qui brille en permanence dans son ventre et qui rejaillit dans ses yeux, dans son visage, son sourire, sa présence. S. rayonne de partout. Elle n'a pas besoin de crèmes à 60 $ pour rendre son teint éclatant; il est naturellement alimenté par cette lumière intarissable.

S. attire le regard des hommes en ne faisant rien du tout, ce qui ferait tomber de jalousie les petites pitounes de la rue Saint-Laurent surmaquillées qui ne lésinent pas sur l'étroitesse de leur jupe pour se sentir exister ne serait-ce qu'un instant sous un regard lubrique masculin.

S. n'est qu'elle-même et elle plaît. Elle plaît beaucoup. C'est magnifique. C'est ça, la beauté pure.

Quand je suis avec elle, je disparais dans l'ombre de son aura.

J'admire ce don d'être soi-même.

J'admire sa capacité à mettre de côté tous ses soucis pour croquer dans la vie à pleines dents.

J'admire son intrépidité.

Car S. n'a peur de rien. Ses yeux pétillants en témoignent bien.

S. est capable de tout abandonner pour faire le tour du monde.

S. est capable de ramener chez elle à 4 heures du matin un ex-prisonnier croisé dans un parc pour lui offrir une tisane et un chandail chaud.

S. est capable de sourire et de parler à tout le monde, peu importe l'apparence des gens. Elle ne juge pas. Pour elle, les gens sont foncièrement bons. Elle aime, tout simplement, et partage sa lumière.

J'aime être avec elle, parce qu'elle éclaire mes pensées ténébreuses, les rend moins effrayantes et me permet, moi aussi, de mieux aimer cette vie qui n'a que du bon, tout d'un coup, quand S. m'oblige à ouvrir la porte et à regarder dehors.

S. va partir le mois prochain pour un long périple autour du monde qui ne connaîtra peut-être pas de fin. Son départ à l'autre bout de la planète laissera un grand vide dans ma vie. Mais j'espère que je saurai conserver un peu de sa lumière.

jeudi 16 août 2012

Avez-vous votre permis ?

À 31 ans, je n'ai toujours pas mon permis de conduire.

Cependant, je n'ai jamais perdu mon permis de rêver.

lundi 13 août 2012

Vagabondage

Doux balancement du métro.

Musique dans les oreilles.

Mon esprit vagabonde. Les gens autour de moi s'évaporent dans les limites diffuses de ma conscience.

Plus loin, debout, un jeune homme.

Beau. Blond. Aux cheveux longs. Aux lunettes rondes.

Mes yeux le détaillent. Je le trouve séduisant. Il a de belles mains. Une belle bouche.

Je pense que ce serait mon type d'homme. Un côté intello, assaisonné d'un caractère sportif-nature. Le genre de gars qui t'emmène marcher en forêt, avec qui tu passes de belles soirées en camping, avec qui tu peux discuter de tout, approfondir les sujets, mais toujours avec légèreté, simplicité et humour. Le genre de gars amoureux, affectueux, sans être mielleux.

Ensemble, on serait bien. Je serais comblée. Je me vois, sourire aux lèvres, à ses côtés. Et on aura des enfants, bien sûr. On en aura trois, en tout. Je suis sa femme, je le rends heureux. On prend beaucoup de plaisir à recevoir nos nombreux amis, parce que lui, son plaisir, c'est de donner et de faire plaisir aux gens qu'il aime. Il rit beaucoup. Il rit tout le temps. Son rire est apaisant. De ses yeux jaillit en permanence l'étincelle de ceux qui dévorent la vie à pleines dents. Il me communique son bonheur. Il me regarde souvent avec complicité, de son sourire contagieux. Nos enfants grandissent, leurs boucles blondes finissent par prendre une teinte plus châtaine.

Il m'aime et m'admire.

Une vie de bonheur s'écoule.

Sentant mon regard persistant sur lui, il se retourne, me voit, me fait un semi-sourire pincé tout en haussant les sourcils, l'air de me dire : "Tu veux ma photo?" ou peut-être bien : "Je te plais ? C'est ça ?"

Et il sort à la station suivante.

Je secoue ma tête; je me ressaisis. Les gens autour de moi commencent à regagner progressivement le champ de ma conscience. La réalité se réinstalle crûment, avec ses néons, le bruit des portes qui s'ouvrent et se referment, le son du train sur les rails, les visages abrutis et indolents des gens qui attendent de descendre.

Je suis rendue à destination. Je me lève, je sors, le pas léger, le regard brillant, le visage lumineux, esquissant le sourire de celles qui viennent de passer une nuit avec leur amant.

Entre les stations Frontenac et Berri-UQAM, j'ai vécu une longue et poignante histoire d'amour. 

jeudi 9 août 2012

Coïncidence inquiétante

Oh, et puis, vous voulez vous en mettre une bonne croustillante sous la dent pour finir la semaine ?

Quand on est intelligent, qu'on n'a rien à faire et qu'on se met à faire des liens, on comprend des choses.

Au début de la semaine, j'ai compris que le mec qui est pro en magasinage de filles et qui m'a bêtement flushée comme si j'étais une vulgaire cravate de chez La Baie se trouve à être le nouveau patron de Monsieur Z, qui vient de changer d'emploi.

Le hasard, des fois, pue. Inquiète. Tend des pièges. Faut-il dégager un sens de tout ça ? Le destin est-il en train de me parler ? Suis-je dans un monde d'indices et de signes tout-puissants ? Suis-je dans un monde parallèle ?

J'ai des frissons dans le dos.

Si vous me dites qu'en fait, vous connaissez Monsieur Z, je ne serai même pas surprise.

Le vent tourne

Ça y est ! À partir de septembre, je ne serai plus chômeuse, je ne pataugerai plus dans une situation précaire, je ne passerai plus mes journées dans une léthargie profonde...

Oui, car on m'a offert un emploi, un poste dont je rêve depuis longtemps, avec paye régulière, beaucoup de défis à relever, plein de nouvelles personnes à rencontrer, une nouvelle vie, une nouvelle moi.

Oui, fini, la précarité. On dirait que je ne le réalise pas tout à fait. Comme si cette vie ne pouvait pas m'appartenir, qu'elle appartiendrait plutôt au rêve. Et pourtant, elle est mienne, sera mienne, et j'ai du mal à me projeter, parce que c'est dur d'y croire, après cette année à me démener comme une damnée dans le cycle infernal de la merde.

Alors, pour fêter ça, je suis allée me promener, toute souriante, disant bonjour à tous les beaux messieurs croisant mon chemin, gambadant joyeusement sous la pluie, pensant à tout ce dont je pouvais maintenant me permettre et dont je me privais depuis longtemps.

J'ai commencé par m'acheter un livre. Je suis entrée dans une librairie, j'ai flâné, et j'ai acheté le tome 2 de 1Q84, que j'ai réservé à la bibliothèque mais que je n'espérais pas pouvoir lire avant trois mois... Acheter des livres : quel bonheur !

Et puis je suis allée dans une petite épicerie fine de mon quartier. Pas une épicerie fine de bobos snobs granos. Non ! Une vraie épicerie fine de quartier, avec des gens ben ordinaires qui font pas chier le peuple avec leur petite morale bien-pensante sur les produits bio trois fois trop chers et que dans le fond y'a juste les bobos qui peuvent se permettre sans exploser leur budget (désolée, fallait que ça sorte).

J'ai acheté plein d'aliments que je n'avais plus l'habitude d'acheter car trop chers, mais que j'adore tellement ! Jambon de Bayonne, mozzarella fraîche, céréales aux noix et au chocolat... je me suis même gâtée, allez ! J'ai pris un millefeuille pour couronner le tout. La dame l'a emballé dans une petite boîte, et a même pris le temps d'entourer la boîte d'un ruban doré.

C'était comme un cadeau pour moi.

Et donc, un cycle nouveau apparaît : je mange bien, je me sens revivre, et je viens de décrocher un emploi dans lequel je pense bien m'épanouir.

mardi 7 août 2012

Manger : passion, obsession, et signe d'espoir

Ce week-end, j'ai mangé démesurément.

Vendredi, avec cette chère amie S., nous voulions festoyer à l'événement "1ers vendredis du mois" tenu au Parc olympique. Les 1ers vendredis du mois, c'est un nouveau concept pour rentabiliser l'inutile et vaste esplanade du Stade olympique. Procédé (la Ville) : installer des roulottes de bouffe de rue un peu partout. Fonctionnement (les citoyens gourmands) : manger et boire le plus possible, car il faut tout essayer. Ainsi, j'ai mangé comme entrée un hamburger au fromage accompagné de chips maison. Ensuite, comme plat principal, j'ai goûté au fameux pulled pork de Pas d'cochon dans mon salon.

Le pulled pork : gourmandise, abondance, excès et crise de foie.

Pas besoin de vous dire qu'au lieu de dormir, cette nuit-là, j'ai digéré mes excès de gras et de viande, moi qui habituellement en mange très peu.

Le lendemain, toujours en compagnie de S. (nous voilà retournées dans notre phase adolescente: c'est devenue ma "best", on ne se quitte plus d'une semelle et on rigole en coin comme des vierges surexcitées quand on voit un beau monsieur, en s'envoyant des textos, hihihi), nous avons visité ma mère dans les magnifiques Cantons-de-l'Est. Il faisait chaud, ça sentait les vacances, on avait commencé l'apéro à 15 heures; tout se prêtait au typique repas bucolique sous les arbres au milieu des prés, dans les senteurs de foin coupé, de fleurs, de ruisseau, cheveux et robe au vent.

Bon. Vous voyez bien le portrait. Le décor parfait qui met en appétit.

Justement. On se baignait chez un ami de ma mère lorsque celui-ci s'est ramené avec une délicieuse salade et quelques bouteilles de rosé. Je dois honteusement avouer que c'est S. et moi qui avons mangé la plus grosse portion de cette salade rustique. Sans compter qu'on s'est jetées comme des droguées en manque dans les bleuets du Lac-Saint-Jean enrobés de chocolat noir. Deux cochonnes pas sortables.

C'est à ce moment-là que le voisin est apparu pour caller un BBQ. Eh bien, croyez-le ou non, nous y sommes allés, avec côtelettes d'agneau et bouteilles de rouge, et puis nous avons re-soupé jusqu'à 3 heures du matin.

Vous devez vous demander en quoi ce récit de mes excès de gourmandise est pertinent, non seulement sur ce blog, mais dans ma vie. On mange, on se fait plaisir, et basta. Pas besoin d'en faire un foin.

Eh bien justement. Cet appétit croissant et insatiable est un élément clé qui mérite d'être souligné dans le grand récit fascinant que je forge ici.

C'est signe que les choses s'améliorent. Que je vais mieux. Que je reprends plaisir à la vie. Je mange avec appétit, avec délectation, ce que je n'avais plus fait depuis longtemps.

J'ai retrouvé ma nature gourmande.

J'ai toujours mangé beaucoup, même si ça ne paraît pas avec mes 115 livres. Quand j'avais 15 ans et que je revenais de l'école à 16 heures 30, je soupais. Ensuite, je re-soupais, plus tard, vers 20 heures, avec ma mère, son chum, les enfants de son chum.

Mon frère et moi, on se battait pour la dernière portion.

De par mon éducation, j'associe l'acte de manger au bonheur, au plaisir, à la gaieté, à quelque chose de complètement opposé à la solitude.

Et c'est pour ça aussi que je mange mes émotions. Que je mange quand je m'ennuie. Que je mange pour mieux me concentrer. Que je mange tout le temps.

Le matin, j'ai hâte de me lever pour manger. L'avant-midi, je pense continuellement au repas qui m'attend. L'après-midi, je le passe en m'imaginant les mets que je cuisinerai le soir, je visualise des recettes, des ingrédients, je me projette devant une assiette remplie de quelque chose dont j'aurais envie.

Déjà, toute petite, je faisais chier ma gardienne le soir: ma mère travaillait tard, et moi, en l'attendant tristement, je voulais toujours manger, même une fois le souper terminé.

Ça ne m'était jamais arrivé de manquer d'appétit. Même quand ça va mal, parce qu'alors je mange pour me sentir mieux. Je me réfugie dans la nourriture.

Mais ça m'est arrivé pour la première fois au début du mois de mars. Je venais de perdre mon emploi. Ça n'allait pas bien avec Monsieur M, mon ex. Et puis je m'étais engouffrée dans le méandres désespérés de mes constructions imaginaires.

J'ai perdu l'appétit, petit à petit. J'ai cessé de cuisiner. Je ne mangeais plus que pour me sustenter. Quand je mangeais. Des pâtes, de l'huile d'olive, voilà ce qui a constitué bon nombre de mes repas. Le désert culinaire. Désert gustatif. Je mangeais sans enthousiasme, sans appétit, sans faim, sans aucun goût pour ce que je mastiquais et avalais.

Manger n'était devenu qu'une simple et monotone fonction vitale, exempte de toute forme de plaisir. Une contingence. Rien d'autre.

À la fin, vers mai, mon souper se réduisait souvent à deux rôties beurrées. L'image même de la solitude, du désespoir. Deux toasts, fades et ennuyeuses, dans le creux d'une assiette trop grande pour elles. Voilà ce qui remplissait mes soirées de nouvelle célibataire.

Je n'avais jamais connu le manque d'appétit. Je n'avais jamais éprouvé autant de désintérêt pour ce plaisir de tous les jours.

Sérieusement, j'ai cru que ça n'allait jamais revenir. Moi, ne pas avoir faim, c'est comme si je perdais mon propre sens, ma propre définition. Quand j'y repense, je me dis que je ne devais pas être très loin du fond pour me détourner aussi vivement, violemment, de l'acte de manger.

Heureusement, je constate aujourd'hui que je remonte la pente. Je mange beaucoup, je mange bien. Je cuisine, je reprends plaisir à faire des courses, à penser à mes repas, à m'activer entre mon frigo et ma cuisinière.

Je me sens revivre.

dimanche 5 août 2012

Bof bof

Beau monsieur a dit : Bonjour Ligeia, ça te dit d'aller prendre un verre cette semaine ?

Ligeia a répondu : Rien, puisque pas eu le temps de répondre, partie pour le week-end.

Beau monsieur a renvoyé un courriel pas plus de 24 heures plus tard : Ah ben laisse faire, finalement j'ai rencontré quelqu'un d'autre.

Comprendre : Je magasinais, je suis tombé sur deux offres incroyables. J'hésitais entre les deux, et puis après réflexion, j'ai choisi l'autre, mais merci de ta participation.

FUCK. YOU. CONNARD.

jeudi 2 août 2012

Les aventures de deux trentenaires célibataires à Burlington - Partie II : L'enchantement

Nous sommes arrivées, donc, dans notre nouveau camping, facilement accessible par un bus de Burlington.

Comme nous avions vu le pire, cet endroit nous a paru un véritable lieu d'enchantement : la petite cabane coquette en bois rustique de l'accueil; le charmant monsieur jovial au comptoir; l'emplacement pour la tente, entouré de verdure bucolique, visité par un magnifique cardinal et son harem de femelles; nos voisins, de vrais voyageurs qui aiment le vrai camping, curieux, aimables comme tout, souriants et sympathiques par-dessus le marché. Ainsi, on s'est vite fait des amis, à commencer par Max, leur fils de 10 ans, qui n'avait pas froid aux yeux et qui s'est mis à nous parler comme si on était ses amies de longue date. D'ailleurs, le petit, il parlait à tout le monde autour de lui, s'incrustait dans les activités des autres campeurs, comme si cela allait de soi. Comme j'aurais aimé avoir ce culot dans ma jeunesse ! Ma solitude m'aurait peut-être moins pesé. Bref, il était si mignon que tout le monde l'accueillait avec grand plaisir.

Cette journée-là, nous sommes allées traîner à Burlington, où ma mère venait nous rejoindre. Il y avait un marché public avec des dégustations, des produits du Vermont et de la bouffe de rue. On s'est délectées de samoussas épicés et de tartes aux bleuets. On a mangé du regard tous les produits offerts, et je me suis dit que dans le monde entier on entretenait un bien mauvais cliché quant à l'excès de malbouffe aux States. Bon d'accord, cette réalité est vraie, on ne peut la nier; cependant, il ne faudrait pas oublier que les Étatsuniens, du moins ceux de la Nouvelle-Angleterre, sont adeptes des produits de leur terroir, et se passionnent pour les aliments de qualité.

Et puis on a magasiné, notamment dans les friperies, où je me suis dégoté une jolie robe de style rétro pour moins que rien si l'on compare le prix qu'elle valait à l'origine (oui, je suis allée voir sur Internet). J'avais hâte de trouver une occasion de la porter. Ça s'est présenté hier, mais malheureusement, mon compagnon n'a pas succombé au charme irrésistible de cette robe.

Passons.

Et donc : un marché, une friperie, une promenade avec ma mère et S., et je suis comblée de bonheur.

Le soir même, après un petit apéro au vin blanc chaud, épuisées par nos déplacements et notre longue promenade, nous nous sommes lancées dans la piscine du camping sous la lune éclatante.

Le lendemain, pour notre dernière journée, nous avons erré au marché d'artisanat installé au village à côté, Shelburne. Il se trouve que nos sympathiques voisins de camping étaient des artisans venus là pour présenter leurs oeuvres. C'est leur vie : travailler leurs oeuvres et parcourir les routes pour les présenter dans des marchés; dormir à la belle étoile; partir, toujours partir. Il y a quelque chose de romantique à cette vie. Ça m'a fait rêver. Ils avaient l'air si heureux !

Le marché était énorme et occupé par une pléthore de beaux mecs. Ils sont où les beaux mecs aux States ? Dans les marchés; croyez-moi. On en a croisé un en particulier, qui s'avérait en fait notre autre voisin de camping, celui d'en face. Lui, il fait de la poterie. Un beau jeune homme qui fait de la poterie, ça fait pas se pâmer un peu, ça ?

Il y avait un espace dédié à la dégustation d'alcool. On a essayé tous les stands. Tous. La vie est trop belle. Ensuite, histoire d'absorber tout cet alcool, nous avons assailli l'espace réservé à la restauration, spécialisée dans les produits locaux. J'ai mangé un lobster roll, un genre de hot-dog grillé fourré avec du stuff au homard. Et puis une pizza roquette-chèvre-betterave, et une autre pêche-bleu-roquette, à tomber par terre. Et pour finir, une salade de roquette avec canneberges, bleu, amandes et vinaigrette au sirop d'érable. De quoi mourir de délice.

On a terminé la soirée devant un feu, avec guimauves grillées. Et puis notre beau voisin d'en face, Alexander, est arrivé et s'est fait un feu. Il était seul. J'avais envie de lui parler. Je suis allée le voir, puisant un peu de courage je ne sais où en moi, je lui ai fait la conversation un petit peu et il est venu s'installer avec nous près de notre feu. On a parlé, regardé les étoiles, la lune; on se sentait bien près de lui. Il nous a donné chacune une poterie. Magnifique souvenir de cette épopée à Burlington. Le périple ne pouvait mieux se terminer. On a pensé qu'il a dû penser qu'on était lesbiennes. Mais c'est pas grave. Il nous a laissé son adresse, postale et électronique. Il a dit qu'il aimerait bien qu'on aille le voir à Clinton. On a dit qu'on aimerait bien le voir à Montréal. De vagues projets se sont dessinés. On ne se reverra pourtant jamais.

Le lendemain, il partait, et nous aussi. On s'est fait une accolade. Non, les Étatsuniens n'embrassent pas sur la joue; ils te prennent directement dans leurs bras. Frissons.